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Enjeux de défense
Méthodologies et outils de recherche
7 juin 2023

Changements climatiques et foyers de conflits dans le monde

par Marine de Guglielmo Weber, chercheuse au sein du programme Climat, Énergie et Sécurité de l’IRIS, avec la collaboration de Yente Thienpont, assistante de recherche à l'IRIS. Coordination et responsable scientifique : Julia Tasse, co-directrice de l'Observatoire, directrice de recherche et responsable du Programme Climat, Énergie et Sécurité à l’IRIS.

Cette note sur les conséquences des changements climatiques sur les foyers de conflit dans le monde analyse quatre régions : l’Afrique centrale, de l’Ouest et de l’Est ; le Moyen-Orient et le nord de l’Afrique ; l’Asie du Sud-Est et le Pacifique Ouest et, enfin, l’Amérique latine. Elles ont été déterminées sur la base d’un indicateur climat-conflit créé par l’Observatoire Défense et Climat (voir carte), qui a mis en évidence leur vulnérabilité particulière à une exacerbation de la conflictualité sous l’effet des changements climatiques. Chacune de ces régions a donné lieu à : une analyse des enjeux climat-conflit à l’échelle régionale ; un focus permettant d’analyser la situation particulière d’un État ou d’une sous-région ; un scénario de prospective sur un État ou une sous-région.

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Les changements climatiques se sont manifestés avec une virulence particulière au cours de l’année 2022. Sous l’effet de la hausse des températures notamment, les phénomènes météorologiques extrêmes et les catastrophes environnementales se sont multipliés. Pour exemple, les nombreux États touchés par des tempêtes et des ouragans (dans les Amériques, en Afrique du Sud, en Asie du Sud et du Sud-Est), des inondations (en Afrique de l’Ouest et du Sud, en Asie, en Australie et en Europe) ou encore par des méga-feux (Amérique du Sud, États-Unis, Europe), des sécheresses (Europe, Brésil, Chine, Corne de l’Afrique) et des vagues de chaleur (Inde, Pakistan, Australie). Bien que l’intensité de ces phénomènes soit soumise à une forte variabilité géographique, tous les États du monde ont pu éprouver les risques que les changements climatiques font peser sur leur stabilité économique, leur souveraineté politique, et la sécurité des populations. En détériorant le milieu de vie des sociétés humaines, les changements climatiques exacerbent les fragilités existantes, notamment les tensions politiques et socio-économiques. Aussi la vulnérabilité climatique des populations contribue-t-elle, plus ou moins directement, à produire des déplacements de population, à menacer les moyens de subsistance des individus, à déstabiliser les États, ou encore à provoquer des conflits violents (IMCCS, 2021). Ces impacts sécuritaires vulnérabilisent à leur tour les populations face aux changements climatiques, constituant ainsi un cercle vicieux (United Nations University, 2020).

Dans le cadre de cette note, nous étudierons les liens entre changements climatiques et conflits, soit les affrontements armés entre des États ou entre des factions au sein même d’un État, résultant d’un désaccord entre des acteurs qui considèrent leurs objectifs incompatibles (Conflict Sensitivity Consortium, 2012). Nous nous inscrirons dans l’approche sécuritaire des changements climatiques en tant que facteur multiplicateur de menaces existantes. Leur impact sécuritaire est d’autant plus fort dans des régions marquées par des facteurs tels que la concurrence pour les ressources locales ; l’insécurité des moyens de subsistance et les déplacements de population ; les événements météorologiques extrêmes et les catastrophes environnementales ; la volatilité du prix des denrées alimentaires ; la gestion des eaux transfrontalières ; l’élévation du niveau de la mer et la dégradation des côtes ; et enfin, les effets indésirables des politiques climatiques (Rüttinger et al., 2015 ; Banque mondiale, 2018 ; 2021). Dans la même perspective, l’impact sécuritaire des changements climatiques est considéré comme d’autant plus fort dans les pays déjà instables, dont l’histoire récente a été traversée par des conflits (OMM, 2023) – bien que des États stables puissent aussi être fragilisés par les changements climatiques (Sida, 2018).

L’objectif de cette note est d’aboutir à une vision globale et hiérarchisée des régions et pays du monde les plus susceptibles de connaître une exacerbation de la conflictualité sous l’effet des changements climatiques. À cette fin, l’analyse sera divisée en quatre parties consacrées aux régions étudiées – l’Afrique de l’Ouest, centrale et du Sud ; le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord ; l’Asie du Sud-Est et le Pacifique Ouest ; l’Amérique latine. Chacune de ces régions se verra consacrer une analyse globale, un focus sous-régional, et un scénario de prospective.

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