Intégration des enjeux climato-environnementaux par les forces armées étrangères
Que cela soit en termes d’anticipation de risques ou de menaces à la sécurité nationale, de vulnérabilité des infrastructures militaires, d’adaptation des équipements et des entraînements aux effets de l’augmentation de la température moyenne ou à des conditions extrêmes (Arctique), il est évident que les impacts du changement climatique posent de nombreux défis au maintien et à la mise en œuvre de l’effet militaire des forces armées.
L’adaptation des appareils militaires – soit leur capacité à répondre aux conséquences actuelles ou à venir du changement climatique (à la fois les effets néfastes et bénéfiques) – constitue ainsi un enjeu stratégique pour les ministères de la Défense s’étant emparés de la problématique. Cela se remarque notamment par l’analyse des stratégies de communication à ce propos, certains ministères de la Défense témoignant d’une réelle proactivité sur certains enjeux. Le Department of Defense (DoD) américain, par exemple, rend public depuis 2014 des documents à destination du personnel afin de permettre une meilleure adaptation des infrastructures aux impacts du changement climatique. A l’inverse, en matière d’adaptation des équipements, le DoD demeure largement silencieux.
La majorité des armées s’étant emparées de cette thématique, tant d’un point de vue doctrinal qu’opérationnel, sont celles des pays à plus haut revenu, et souvent les plus modernes (États-Unis, Royaume-Uni notamment). C’est alors la question de la résilience qui est posée, avec l’objectif de maintenir des forces opérationnelles et en totale capacité d’opérer, même dans des conditions modifiées par les impacts du changement climatique. Il s’agit ici de maintenir l’effet militaire ou de l’améliorer malgré une dégradation de l’environnement d’opération. Cette appropriation quasi-exclusive de l’adaptation opérationnelle au changement climatique par les pays les plus riches est intéressante à souligner dans la mesure où il est admis que l’ampleur des impacts est d’autant plus importante pour les populations et pays les pauvres (particulièrement en Afrique, Amérique latine et Asie du Sud-est).