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Enjeux de défense
29 novembre 2023

Géo-ingénierie solaire : enjeux géostratégiques et de défense

par Marine de Guglielmo Weber, directrice scientifique de l'Observatoire, chercheuse au sein du programme Climat, Énergie et Sécurité de l’IRIS, Sofia Kabbej, chercheuse associée au sein du programme Climat, énergie et sécurité de l’IRIS et membre du comité scientifique de l’Observatoire Défense & Climat et avec la collaboration de Laura Hebbel Boutang, assistante de recherche à l'IRIS.

Des techniques et des développements récents mettent en lumière la perspective d‘un déploiement à grande échelle de la géo-ingénierie solaire au cours des décennies futures. Aussi apparaît-il nécessaire d’explorer les enjeux sécuritaires et stratégiques soulevés par ces techniques, ce que cette note se propose de faire en quatre temps : la présentation des techniques étudiées et des risques naturels et humains associés (I) ; l’analyse des enjeux géopolitiques et stratégiques qu’elles soulèvent (II) ; quatre hypothèses, et trois scénarii de prospective narrant le déploiement de techniques de géo-ingénierie solaire à l’horizon 2050, associés à des recommandations à destination du ministère des Armées (IV).

Takuma Higashide

Dans son 6e rapport d’évaluation, le Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’évolution du Climat (GIEC) alerte sur la forte probabilité de dépassement du seuil d’augmentation de température de 1.5°C depuis la période préindustrielle d’ici la fin du siècle (GIEC, 2022, v.). La trajectoire d’émission de gaz à effet de serre (GES) actuelle, qui devrait nous mener à un dépassement de ce seuil avant 2030, se traduit déjà par une insécurité climatique extrêmement forte. En témoigne la multiplication des aléas météo-climatiques qui ont frappé tout autour du globe au cours de l’année 2023, poussant le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, à déclarer : « L’effondrement climatique a commencé » (Libération, 2023, 6 septembre).

Cet échec de la communauté internationale à mettre en place des politiques efficaces et tangibles d’atténuation a suscité un regain d’intérêt pour des « solutions », soit des réponses technologiques aux changements climatiques dont participe la géo-ingénierie climatique : un ensemble de techniques devant permettre l’intervention à grande échelle sur le système climatique, dans le but d’atténuer les changements climatiques et/ou d’en réduire les effets. La géo-ingénierie comprend deux grandes familles, regroupant elles-mêmes des techniques et pratiques diversifiées : d’une part, l’extraction du CO2 présent dans l’atmosphère (« carbon dioxyde removal », ou CDR) et d’autre part, la modification du bilan radiatif, souvent assimilée à une modification du rayonnement solaire (« solar radiation management », ou SRM), cherchant à compenser l’augmentation de la température moyenne globale par une diminution du rayonnement absorbé par la Terre (GIEC, 2022, 168).

Si la capture carbone a connu des développements rapides depuis le début des années 2000, les techniques de géo-ingénierie solaire, moins avancées technologiquement, n’ont connu leurs premiers projets d’application sur le terrain qu’au fil des dernières années. Contrairement à des techniques peu invasives telles que l’utilisation de peintures blanches pour augmenter l’albédo des surfaces urbaines, certains projets de géo-ingénierie solaire entendent déployer des dispositifs techniques et/ou chimiques dans les nuages, dans l’atmosphère, ou dans l’espace. C’est le cas de l’injection d’aérosols dans la stratosphère (stratospheric aerosol Injection, SAI), l’éclaircissement des nuages marins (marine cloud brightening, MCB), l’amincissement des cirrus (cirrus cloud thinning, CCT) ou encore l’installation de miroirs dans l’espace (space sunshades).

Ces techniques et leurs développements récents mettent en lumière la perspective d‘un déploiement à grande échelle de la géo-ingénierie solaire au cours des décennies futures. Aussi apparaît-il nécessaire d’explorer les enjeux sécuritaires et stratégiques soulevés par ces techniques, ce que cette note se propose de faire en quatre temps : la présentation des techniques étudiées et des risques naturels et humains associés (I) ; l’analyse des enjeux géopolitiques et stratégiques qu’elles soulèvent (II) ; quatre hypothèses, et trois scénarii de prospective narrant le déploiement de techniques de géo-ingénierie solaire à l’horizon 2050, associés à des recommandations à destination du ministère des Armées (IV).

Consultez la note pour découvrir la carte des principaux projets de géo-ingénierie solaire dans le monde.

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